Loi sur les partis : Oligui Nguema mobilise 35 personnalités pour établir de nouvelles règles de jeu

Annoncé le 7 mai au terme d’une rencontre entre le président gabonais et les partis légalement reconnus, les membres du Comité de rédaction de l’avant-projet de loi sur les partis politiques sont connus depuis jeudi dernier. Le décret présidentiel n°0232/PR, daté du 14 mai 2025 et publié au Journal officiel le lendemain, a officialisé la composition de ce groupe stratégique de 35 personnalités, chargé de formuler sous 10 jours une proposition de loi conforme aux engagements issus du Dialogue national inclusif. Une première réunion de ce comité est d’ailleurs prévue ce lundi 19 mai.

Un chantier express et hautement stratégique
Conformément au décret n°0231/PR, également en date du 14 mai, signé par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, ce comité a pour mission de recenser les textes existants sur les partis politiques, d’extraire les recommandations pertinentes du dialogue national, et de proposer une refonte législative ambitieuse.
Le bureau du comité :
Fonction | Nom / Institution |
---|---|
Coordonnateur | François Ndong Obiang (Ministre de la Réforme) |
Coordonnateur adjoint 1 | Hermann Immongault (Ministre de l’Intérieur) |
Coordonnateur adjoint 2 | Albertine Maganga Moussavou |
Rapporteur | Huguette Yvonne Awori Onanga |
Rapporteur adjoint 1 | Gira Ondzagha |
Rapporteur adjoint 2 | Jean Gaspard Ntoutoume Ayi |
L’objectif est clair : moraliser et rationaliser la vie politique, dans un pays comptant plus de 100 partis souvent sans ancrage réel ni programme. Le comité n’a que 10 jours pour produire un avant-projet de loi, lequel devra jeter les bases d’une nouvelle architecture du système partisan, en amont des élections générales prévues pour le 4e trimestre 2025.
Une composition pluraliste, entre figures de l’ancien régime et nouvelles têtes
Comme le comité sur le découpage électoral, ce moté a à sa tête un trio de l’actuel exécutif : François Ndong Obiang, ministre de la Réforme des Institutions, en qualité de coordonnateur, Hermann Immongault, ministre de l’Intérieur, comme coordonnateur adjoint 1, et Albertine Maganga Moussavou comme coordonnatrice adjointe 2. Le poste de rapporteur a été confié à Huguette Yvonne Awori Onanga, assistée de Gira Ondzagha et Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.
Les membres de ce comité :
N° | Nom | Affiliation / Remarques |
---|---|---|
1 | Abdu Razzaq Guy Kambogo | SG du gouvernement |
2 | Zacharie Myboto | Figure politique de l’opposition |
3 | Me Séraphin Ndaot | Avocat |
4 | Didjob Divungi Di Ndinge | Ancien vice-président de la République |
5 | Lubin Ntoutoume | |
6 | Pr Télesphore Ondo | Universitaire |
7 | Dr Andy Gregory Leyinda Bickota | |
8 | Dr Aimé Roger Mouloungui Maganga | |
9 | Me Charles-Henri Gey | Avocat |
10 | Nadine Ogoula | |
11 | Charles Mve Ella | |
12 | Geoffroy Foumboula Libeka Makosso | Activiste |
13 | Raïssa Nana | |
14 | Elza Ritchuelle Boukandou | |
15 | Scholastique Ayouris | |
16 | Pr Mbum King | Représentant ADERE |
17 | Clay Martial Obame Akwe | Représentant BDC |
18 | Jean Boniface Asselé | Représentant CLR |
19 | Bonaventure Nzigou Manfoumbi | Représentant FER |
20 | Guy Nzouba Ndama | Représentant LD |
21 | Richard Ekazama | Représentant PDG |
22 | Anges Safou Tchiama | Représentant PDS |
23 | Benoît Mouity Nzamba | Représentant PGP |
24 | Pierre Claver Maganga Moussavou | Représentant PSD |
25 | Laurent Angue Mezui | Représentant RPG |
26 | Jules Diabangoye | Représentant RNB |
27 | Célestin Boudzanga | Représentant RPM |
28 | Michel Menga M’Essono | Représentant RHM |
29 | Thècle Valérie Mpiga | Représentante SDG |
Parmi les membres, des personnalités issues de tous les horizons politiques : Zacharie Myboto (ancien opposant historique), Guy Nzouba Ndama, Jean Boniface Asselé, Pierre Claver Maganga Moussavou, Michel Menga M’Essono, Célestin Boudzanga ou encore Richard Ekazama du PDG, parti au pouvoir durant 55 ans. Y figurent également des représentants de la société civile tels que Geoffroy Foumboula Libeka et des juristes comme Me Séraphin Ndaot et Me Charles-Henri Gey.
Un test grandeur nature pour la nouvelle République
Le comité reflète la volonté affichée du pouvoir de rassembler les acteurs politiques traditionnels et les forces émergentes autour d’une refonte consensuelle. C’est aussi un test de crédibilité pour la Ve République d’Oligui Nguema, qui entend inscrire cette réforme dans une dynamique de transparence et d’efficacité, à rebours des pratiques clientélistes du passé.
Le délai de 10 jours montre la volonté d’aller vite, mais non sans méthode. Le texte à produire devra encadrer la création, le fonctionnement, le financement et la représentativité des partis politiques, avec en ligne de mire : limiter le nombre de formations et restaurer leur rôle d’animation démocratique.
Un avant-projet très attendu avant les élections générales
Prévu pour être remis au président de la République d’ici la fin du mois, cet avant-projet de loi sur les partis politiques s’annonce déterminant. Il servira de base juridique à l’organisation des prochaines élections législatives, locales et sénatoriales, annoncées pour la fin d’année.
En toile de fond, la fin du multipartisme de façade au Gabon ? Si les membres du comité parviennent à un consensus, la scène politique gabonaise pourrait se transformer en profondeur. Le pluralisme serait préservé, mais dans un cadre assaini et plus rigoureux, où les partis auront des comptes à rendre — et des bases militantes à justifier. En somme, une refondation à marche rapide… dont la réussite reste suspendue à la capacité de ce comité à livrer, en temps et en heure, un texte qui fasse date.
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