Safety Breeding accusé d’avoir roulé dans la farine plusieurs gabonais avec son « Potager virtuel »

Safety Breeding, spécialisée dans l’investissement animalier à travers la plateforme « Potager virtuel », est activement recherchée par ses investisseurs depuis ce lundi 19 mai. Et pour cause : elle est accusée d’avoir arnaqué ses membres, qui auraient investi des milliers de francs CFA en élevant virtuellement des animaux.

Des investisseurs floués en colère
Ce mardi 20 mai, près d’une vingtaine de personnes se sont retrouvées non loin des locaux de la station Radio Mandji, au quartier Sogec, dans le 1er arrondissement de Port-Gentil, pour dénoncer une vaste escroquerie. Rassemblés devant le relais de Radio Gabon, ils ont pointé du doigt les pratiques financières douteuses de la société Safety Breeding, qui a lancé depuis plusieurs années une plateforme numérique d’investissement virtuel.
Une vue du siège de l’entreprise
« Nous avons été arnaqués, chacun de nous », déclare à Info241 Dan Mboumba, l’un des porte-paroles. « Safety Breeding a créé une plateforme appelée Potager virtuel . On y achetait des animaux pour générer des revenus quotidiens sur une durée déterminée. Certains ont investi des centaines de milliers, d’autres des millions ».
Un système qui sentait déjà l’arnaque
Le principe était simple en apparence : pour espérer toucher un revenu journalier, les adhérents devaient nourrir des animaux virtuellement en misant de l’argent. Le pangolin, principal produit « en vente » ces dernières semaines, a attiré de nombreux Gabonais. À cela s’ajoutait un système de parrainage : en recrutant d’autres utilisateurs, les membres gagnaient des récompenses et des commissions journalières.
Une autre vue des plaignants
« J’ai fait entrer des gens qui ont investi en me faisant confiance. Aujourd’hui, je suis dans une impasse. L’argent n’est pas encore parti, il est bloqué dans les agences Airtel et Gabon Télécom », confie un autre plaignant.
Une détresse sociale mise à nu
La situation est grave. Une investisseuse, Carine Nasson, tire la sonnette d’alarme : « Nous avons enregistré un décès ici à Port-Gentil. Le président doit se rendre compte de l’impact du chômage. Si les Gabonais investissent dans ce genre de structures, c’est parce qu’ils n’ont pas d’autres solutions. L’emploi, c’est pour une minorité. »
Tableau des gains
Le « potager » promettait des gains alléchants. Une oie, vendue à 10 500 FCFA, rapportait 420 FCFA par jour, soit 153 300 FCFA au terme du contrat. Un mouton à 31 000 FCFA offrait 1 240 FCFA/jour pour un total de 452 600 FCFA. Le cochon à 60 000 FCFA promettait 2 500 FCFA/jour pour atteindre 912 500 FCFA.
Pangolins virtuels et promesses démesurées
« Vendredi dernier, ils ont lancé une campagne de vente de pangolins en ligne pour faciliter l’échange des points. Beaucoup ont acheté au prix de 200 000 FCFA, certains ont même créé deux ou trois comptes. Il est hors de question que Safety Breeding disparaisse sans rendre de comptes », prévient Dan Mboumba.
D’autres animaux figuraient aussi dans ce zoo virtuel, comme l’autruche, vendue à 92 000 FCFA pour une promesse de 3 680 FCFA par jour et un revenu total de 1 343 200 FCFA. Le système de parrainage promettait également 10 % du montant de recharge d’un membre de niveau 1 à son parrain, puis 5 % supplémentaires si celui-ci continuait à acheter des animaux.
Des dirigeants en fuite, des victimes en ruine
Pour rassurer les investisseurs, la société avait intégré les paiements via Airtel Money et Mobile Cash. Mais depuis ce 19 mai, les dirigeants, qui opéraient depuis la descente de Bikélé, ont tout bonnement disparu. Les fonds ? Évaporés. Les Gabonais ? Lésés. Le montant global détourné serait de plusieurs centaines de millions de francs CFA, selon des sources proches du dossier.
Face à ce désastre, les victimes interpellent les plus hautes autorités. « Quelqu’un ne peut pas venir jouer avec la vie des Gabonais et s’enfuir ainsi. Des gens sont morts, d’autres sont hospitalisés, certains ont même fait des AVC, tout ça parce que Safety leur a volé leur argent », conclut Dan Mboumba, visiblement révolté.
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